samedi 8 août 2009

Un bébé parfait

(ancien billet récupéré sur mon précédent blog, parfait corollaire du billet "Et les bras alors?")



Avez-vous déjà eu l’occasion de voir la pub Aubert, magasin pour bébé ? On peut y admirer un joli poupon, dodu juste comme il faut, avec son petit sourire mignon.

Et ce solgan :

Aubert, réussir son bébé

Oui, grâce à Aubert, on peut réussir son bébé. Comment faisait-on avant ? On est en droit de se le demander.

Oui, comment réussissait-on un bébé quand on ne pouvait pas acheter des chambres complètes/thèmes coordonnés/matelas/matelas de voyage/ciel de lit/inclinateur de lit/baignoires gonflables/fauteuils de bain/anneau de bain/visière à shampooing/protège-pommeau de douche/thermomètre 4-en-1/pèse-bébé/chaise haute évolutive/réhausseur/biberon avec tétine anatomique « comme le sein »/anneau de dentition/sucette/chauffe-biberon/stérilisateur/tapis d’éveil/mobile/balancelle/trotteur/parc/interphone/porte-bébé/sac à langer/lit pliant voire gonflable/simulateur de bercement automatique (si si)

Hein ? (liste non-exhaustive)

Combien sommes-nous sur Terre déjà ? Ah oui, plusieurs milliards. Dont seul un très faible pourcentage a accès aux magasins Aubert. Et les autres alors, comment font-ils, les malheureux ?

Ce slogan est terrible. Car de nos jours, dans nos sociétés, beaucoup de parents pense que s’ils achètent tous les gadgets possibles et inimaginables, ils seront de bons parents qui auront « tout « fait pour leur enfant.

Et pourquoi ça ? Car de nos jours, individualisme galopant aidant, la transmission de valeurs se perd. La transmission de confiance, dans la capacité essentielle, primitive, fondamentale, à être parent. Aujourd’hui, les femmes accouchent anesthésiées, dans tous les sens du terme. Avec des répercussions qui se mesurent sur le long terme et dont on ne perçoit pas encore la portée. Mieux vaut peut-être pas, d’ailleurs.

Consommer au lieu de vivre. Un terrible constat. Mais des petites flammes d’espoir s’allument ici et là. On a été tellement loin dans l’éloignement de l’essentiel qu’un besoin de retour aux choses vraies commence à se faire entendre. C’est encore petit, fragile et cette nouvelle conscience qui s’éveille ne concerne encore que peu de gens. Mais l’espoir est là, et moi j’y crois. Enfin, j’essaie, mais parfois mes observations anéantissent l’optimisme que je peux avoir.

Par exemple, quand je vois la parfaite démonstration de la "philosophie" d’Aubert. Je suis en ville, j’attends sur un trottoir. Je commence à percevoir les cris déchirants d’un tout petit bébé. Vous savez, ces cris si particuliers des nouveau-nés. Je regarde autour de moi, et je vois approcher un couple avec une poussette. Les cris viennent de la poussette. Ils me tordent les tripes, tant la détresse de ce petit est palpable. Et les parents marchent tranquillement, rigolant, comme si de rien était. Ils IGNORENT totalement les appels désespérés auquels pourtant eux seuls peuvent répondre. Déconnectés. Anesthésiés jusqu’aux oreilles.

Mais ce ne doit pas être si grave. Bébé roule en Bugaboo Frog*.

De quoi se plaint-il ?



*poussette top fashion qui vaut la bagatelle de 700 euros

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